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Atelier 3 : Spécificités de la maternelle : apprentissages, contenus et gestion des temps, articulations scolaire-périscolaire (1ère partie)

animé par Fernand Wanoberghen, vice-président Fédération des PEP avec Emmanuelle Sarret (AGEEM, directrice d’école), Marie-José Torrero et Stéphanie Boutier (direction éducation de Guyancourt), Nicole Geneix (Entretiens de l’enfance)

Compte-rendu de l'atelier (par Sidonie Rancon)

Une des questions qui a organisé le débat et la table ronde a concerné les enjeux et les possibilités d’organisation spécifique des espaces, des temps et des contenus d’activités éducatives pour les enfants de maternelles, soulignant l’importance de la prise en compte des « rythmes biologiques » et de la « condition enfantine » (pour reprendre les termes d’un participant) dans cette organisation. Quelle différenciation des espaces scolaires et périscolaires ? Quelle continuité dans l’articulation des différents intervenants ? En quoi les spécificités de la maternelle nous amènent à penser différemment (ou pas) les enjeux de la réforme des rythmes éducatifs ? Sur quelles bases penser l’articulation du scolaire et péri/extra scolaire ?

Emmanuelle Sarret, dans le cadre de son expérience en tant que directrice et enseignante au sein de métropole lyonnaise, a souligné les difficultés pour les enfants des petites classes (spécificité de la maternelle) à se créer des repères lorsque les activités scolaires et périscolaires se réalisent dans les mêmes lieux (souvent dans les classes), avec le même matériel, parfois les mêmes intervenants. Il a été rappelé qu’effectivement les ATSEM sont souvent sollicitées pour remplir des fonctions d’animateur lors des activités périscolaires, notamment dans les contextes ruraux mais pas seulement. Ce dernier point renvoie, nous dit Yann Renault des Francas, à la nécessité de penser cette « double professionalité » souvent exigée des ATSEM dont les rôles font appel à des postures professionnelles divergentes et à ce titre, de réfléchir aux modalités de formation de ces professionnels.
Par ailleurs, le débat n’a pas été sans rappeler que les situations, à ce titre, sont assez disparates entre les communes, non seulement sur les questions organisationnelles et pédagogiques (aménagement des locaux, contenus et organisation des temps de la pause méridienne, choix de restauration collective ou individuelle, etc.) mais aussi dans les enjeux attribués à la réforme des rythmes éducatifs. A notamment été posée la question de savoir si les temps périscolaires, dans le cadre des classes maternelles, doivent en priorité afficher l’objectif de complémentarité vis-à-vis des apprentissages scolaires, valoriser l’accès le plus diversifié possible aux activités culturelles et sportives ou si ce serait davantage l’occasion d’une meilleure prise en compte et respect du rythme des enfants. Plusieurs territoires ont fait mention par exemple de la difficulté à faire face aux attentes des familles, qui sont souvent dans une demande d’activisme quant aux activités périscolaires. N’est-ce pas l’occasion justement de penser le périscolaire comme un relai, un espace de dialogue intermédiaire permettant d’apporter une réflexivité nouvelle quant à la relation aux parents, permettant de dépasser les catégories restrictives de parents « consuméristes » ou « attentistes » ?

D’autre part, un point important qui a été souligné lors de ce débat a concerné l’idée que les enfants, du fait de leur socialisation familiale, du rythme de travail de leurs parents notamment mais au-delà, n’arrivent pas avec les mêmes « dispositions » à l’école maternelle. Il est vrai que beaucoup d’enfants vivent des temps collectifs contraints très tôt dans la journée, lesquels représentent alors une part prédominante de la journée. Il est peut être important de souligner que ces différences familiales ne sont pas simplement de l’ordre des rythmes journaliers des enfants mais aussi de leur relation aux savoirs et compétences scolaires qu’il est important de prendre en considération pour ne pas omettre un objectif de la réforme qui est la lutte contre les inégalités scolaires. Le lien entre ce qui se dit en termes de "respect des rythmes des enfants" et la réussite scolaire demeure de fait encore à questionner dans les corrélations éventuelles. Le chantier de la réflexion sur la "spécificité de la maternelle" semble être l'un de ceux où cette question doit prioritairement être développée. Mais c'est aussi le chantier où cette question se retrouve souvent la plus diluée, soit dans la seule référence à des enjeux de "rythme biologique" et de repérage des "bons temps" qui évacue les enjeu sociaux, culturels, pédagogiques et institutionnels que nous devons ici poser, soit dans la répétition des  approches classiques, que l'on a du mal à renouveler, de type compensatoires  (voir aussi sur ces points l'intervention de Vivianne Bouysse lors de la journée de l'Observatoire du 6 février 2015 et les débats qui ont suivi sur les enjeux et limites du modèle compensatoire).